QUE FAUT-IL ATTENDRE DU SOMMET HARPER-BUSH-CALDERON?

 
Un sommet r�unira les 21 et 22 avril � la Nouvelle-Orl�ans le premier ministre du Canada, Stephen Harper et les pr�sidents des Etats-Unis et du Mexique, George W. Bush, et Felipe Calderon. Il s'agira du quatri�me sommet entre ces trois pays depuis le lancement en 2005 du Partenariat pour la s�curit� et la prosp�rit�, le PSP. Il s'agit en quelque sorte d'une extension de l'Accord de libre-�change nord-am�ricain, l'AL�NA, qui depuis 1993, a accru fa�on significative le commerce entre le Canada, le Mexique et les �tats-Unis.  
 
Les attentats du 11 septembre 2001 ont cependant modifi� fondamentalement la conjoncture et l'attention consid�rable port�e � partir de ce moment l� � l'�gard de la s�curit� depuis 2001 a eu un effet sur le mouvement des marchandises � la fronti�re canado-am�ricaine. Vu du Canada, c'est la premi�re raison d'�tre du PSP. Il s'agit d'abord de trouver les moyens de renforcer la s�curit� aux fronti�res sans nuire au commerce. Reste � voir si le PSP constitue un outil efficace pour r�soudre ces probl�mes. Ce n'est pas �vident. Nous y reviendrons.  
 
Par ailleurs, chaque sommet du PSP entra�ne des manifestations importantes. Ce sera encore le cas cette fois-ci. Sept organisations �manant de la "soci�t� civile canadienne" dont le R�seau qu�b�cois sur l'int�gration continentale ainsi que des organisations des Etats-Unis et du Mexique organisent du 20 au 22 avril � la Nouvelle-Orl�ans un "sommet du peuple" pour s'opposer, selon le Conseil des Canadiens aux "initiatives d'int�gration de la s�curit� et de l'�conomie de l'opaque Partenariat nord-am�ricain pour la s�curit� et la prosp�rit�." Vocabulaire excessif? Peut-�tre. Mais la grande place prise uniquement par le secteur priv� dans le processus du Partenariat pour la s�curit� et la prosp�rit� est ind�niable. 
 
C'est quelque chose qui est apparu au sommet du PSP � Cancun en mars 2006. Les trois dirigeants ont cr�� le Conseil nord-am�ricain de la comp�titivit� (CNAC) qui r�unit 30 grandes corporations des 3 pays. Selon la documentation du CNAC, ce conseil trilat�ral, "s'est vu confier le mandat de proposer des recommandations concr�tes sur des questions d'une importance imm�diate ainsi que de fournir des conseils d'ordre strat�gique � moyen et � long terme � l'intention des ministres responsables de la s�curit� et de la prosp�rit� �conomique ainsi qu'aux chefs de gouvernement." Le r�le appara�t majeur et repr�sente un mod�le de gouvernance qui suscite plus d'une critique en ce qui concerne surtout le d�ficit d�mocratique. L'absence de repr�sentants de la soci�t� civile suscite une m�fiance consid�rable. Tant � gauche qu'� droite d'ailleurs. 
 
A droite, certains craignent de voir dispara�tre les Etats-Unis au profit d'une Union Nord-am�ricaine. A gauche, notamment du c�t� de centrales syndicales canadiennes, on pr�te au PSP les plus noirs desseins. Par exemple, le Syndicat canadien de la Fonction publique (SCFP) affirme que le PSP "vise en fait � remodeler les institutions des trois pays pour augmenter les pouvoirs et les profits des multinationales, et � faire du Canada un grand r�servoir d'eau et de p�trole � la merci de son gros voisin du sud." Mais alors qu'on pr�te les projets les plus ambitieux et les plus sombres au Partenariat pour la s�curit� et la prosp�rit� ainsi qu'au Conseil nord-am�ricain de la comp�titivit�, on attend encore, dans les faits, les r�sultats des engagements � la base de ces initiatives, c'est � dire la facilitation des �changes commerciaux � la fronti�re canado-am�ricaine. 
 
Or, de l'avis des gens d'affaires au Canada, les choses ne progressent certainement pas assez vite. L'an dernier, l'Alliance canadienne du camionnage, premi�re concern�e par les obstacles administratifs � la fronti�re canado-am�ricaine, tra�ait un constat fort n�gatif de la situation en soulignant que "les retards � la fronti�re peuvent encore se produire � n'importe quel moment". L'Alliance canadienne du camionnage rappelait qu'elle s'�tait prononc�e en faveur du PSP au tout d�but, mais qu'elle n'avait pas encore �t� impressionn�e par les r�sultats obtenus. Plus r�cemment, en f�vrier, la Chambre de Commerce du Canada notait que "les temps de contr�le accrus � la fronti�re" ont eu de "graves retomb�es" pour de nombreuses entreprises et collectivit�s des deux c�t�s de la fronti�re. La Chambre de Commerce soulignait que le tourisme, l'h�bergement, le magasinage et les activit�s culturelles ont �t� "s�rieusement affect�s" parce que les gens qui traversent la fronti�re occasionnellement sont "d�courag�s par les longues p�riodes d'attente, les caprices des proc�dures frontali�res et la longueur incertaine du processus." C'est la situation aujourd'hui.  
 
Concr�tement, face � ce probl�me qu'attend le gouvernement canadien de la rencontre au sommet Harper-Bush-Calderon? De source proche du premier ministre Harper, on ne cachait pas cette semaine que le Canada "aimerait voir des progr�s � la Nouvelle-Orl�ans en ce qui concerne la facilitation du passage aux fronti�res". Un haut responsable du gouvernement canadien notait � cet �gard qu'un accord sur le "pr�-d�douanement des mouvements par voie terrestre ferait une diff�rence". Il s'agirait d'un pas majeur. Comme l'a d�j� not� le Conseil Canadien des Chefs d'Entreprises, l'ex�cution du "d�douanement � une certaine distance de la fronti�re s'impose pour soulager la congestion aux postes frontaliers importants et ce projet est � l'agenda depuis l'accord original sur la fronti�re intelligente" en d�cembre 2001. Mais le format du PSP se pr�te mal � un tel d�blocage. 
 
A ce sujet, dans la revue "Option politiques", Derek Burney qui avait n�goci� pour le Canada le premier accord de libre-�change avec les Etats-Unis en 1987 exprime de s�rieux doutes sur le format du Partenariat triangulaire Canada-Etats-Unis- Mexique. 
Selon lui, l'ALENA a bien servi le Canada mais il faut voir aujourd'hui au del� de cet accord. Derek Burney estime que certains dossiers trait�s au sein de l'ALENA ne concernent que la relation Etats-Unis-Mexique et devraient �tre trait�s en dehors de l'entente. Cela aurait pour avantage d'�viter d'avoir � ren�gocier l'accord car une grande partie des critiques entendues pendant la campagne pr�sidentielle am�ricaine concerne d'abord le Mexique. De m�me, des questions comme la question fondamentale de la fronti�re Canada-Etats-Unis devaient selon Burney �tre trait�es en dehors de l'ALENA dans une nouvelle institution qui se concentrerait sur ce probl�me qui n'arrive pas �tre r�gl� m�me si le commerce Canada-Etats-Unis repr�sente 1.5 milliards de dollars par jour. 
 
Jean B�riault  
Chroniqueur de politique �trang�re  
[email protected]  
18 avril 2008 
 



Cet espace se veut d'abord un lieu d'échange et d'interaction avec les auditeurs de RCI sur les questions reliées à la politique étrangère du Canada. Toutes sortes de questions peuvent être abordées : par exemple, l'état des relations avec tel ou tel pays, les litiges commerciaux, ou les positions défendues par Ottawa aux Nations Unies dans un dossier spécifique. Le rôle du Canada au sein de l'OTAN, du Conseil de l'Arctique, du G8 ou dans la communauté des pays du pourtour du Pacifique, voilà autant de sujets qui peuvent susciter des interrogations. Bref, tout ce que vous voulez connaître sur les relations internationales du Canada.

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 JEAN BÉRIAULT

Etudes:
• Doctorat en Histoire (Relations Internationales) de l'Université de Paris-Sorbonne obtenu en 1976 suite à la soutenance d'une thèse sur la politique étrangère chinoise.
•Baccalauréat spécialisé en Science politique. (Relations internationales) UQAM. 1972.
• Baccalauréat ès Arts obtenu au Collège Jean-de-Brébeuf en 1970.

Vie professionnelle:
A Radio Canada International, chroniqueur spécialisé en politique étrangère canadienne et affaires internationales depuis 1997 et chef-de-pupitre depuis plus de 20 ans. Effectue des reportages à l'étranger, aux Etats-Unis, en Europe, au Proche-Orient et en Asie, pour assurer notamment la couverture des négociations commerciales multilatérales sous l'égide du GATT ainsi que celle des sommets de l'OTAN de 1999 et de 2002. Collabore à diverses publications dont le magazine " Le 30 " pour une chronique mensuelle sur la liberté de la presse dans le monde de 1993 à 2003. (www.fpjq.org).

 




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