LES RELATIONS CANADA-CHINE A L'HEURE DES JEUX OLYMPIQUES DE PEKIN

Le premier ministre canadien Stephen Harper n'a pas assist� aux c�r�monies d'ouverture des Jeux Olympiques de P�kin, ce qui ne serait pas per�u comme une rebuffade par les autorit�s chinoises selon le chef de la diplomatie canadienne, David Emerson, qui y �tait. C'est une opinion qui n'est pas partag�e par tous les analystes qui font valoir que les Chinois accordent une tr�s grande importance � ces jeux et qu'il aurait beaucoup mieux valu qu'il soit l� pour le bien des relations Canada-Chine. A la veille des jeux, le pr�sident des Etats-Unis, George W. Bush a durement critiqu� le bilan de P�kin en matiere des droits de l'homme mais il �tait sur place le jour de l'ouverture. Quelle �tait la meilleure mani�re de communiquer aux dirigeants chinois la pr�occcupation relative aux droits de la personne, la canadienne ou l'am�ricaine? On peut �tre port� � penser que la m�thode am�ricaine a �t� la moins offensante puisque que le bl�me s'est limit� � des paroles et ne s'est pas concr�tis� par une absence diplomatique. Comme le dit le proverbe chinois: "Le bavardage est l'�cume de l'eau, l'action est une goutte d'or." 
 
Le chef de la diplomatie canadienne a �galement d�clar� que les relations entre les deux pays s'am�lioraient. O� en est-on exactement? Pour bien d�crire l'�tat actuel des relations Canada-Chine et leur suppos�e am�lioration, il faut examiner ce qui s'est pass� dans ce dossier depuis l'arriv�e au pouvoir � Ottawa des Conservateurs. Il est �vident que ces relations ont �t� marqu�es par une tension certaine. Les choses ont mal commenc�. En avril 2006, celui qui �tait � ce moment l� chef de la diplomatie canadienne, Peter MacKay, lancait des accusations d'espionnage �conomique contre la Chine. La r�action chinoise n'avait pas tard�. P�kin affirmait que cette accusation �tait "d�nu�e de tout fondement" et "irresponsable". En 2007, les relations ne se sont pas am�lior�es avec notamment une visite du dalai lama � Ottawa dans un cadre officiel. Cette visite, avaient affirm� les autorit�s chinoises, nuirait "gravement" � la relation entre la Chine et le Canada. Et de fait, les autorit�s chinoises ont eu l'occasion de manifester leur m�contentement.  
 
D�s 2006, la Chine a exhort� le Canada � ne pas mettre "en p�ril" le bon d�veloppement du "partenariat strat�gique" entre les deux pays. C'est en 2005 que Ottawa et P�kin avaient d�cid� d'�lever le statut de leurs relations � celui d'un " partenariat strat�gique". Les termes "partenariat strat�gique" d�notent un haut niveau de relations entre les deux pays. Dans un premier temps, apr�s l'�tablissement de relations diplomatiques en1970, le Canada et la Chine ont entretenu des rapports classiques. Puis, en 1997, les deux pays ont convenu d'�tablir un "partenariat de coop�ration globale". Dans les ann�es qui ont suivi, les relations se sont d�velopp�es d'avantage jusqu'au moment o� les deux pays ont finalement d�cid� de relever le statut de leurs relations � celui d'un partenariat strat�gique", une expression qui a d'abord un sens commercial et �conomique. Avec l'actuel gouvernement conservateur � Ottawa, ce "partenariat strat�gique" n'est plus d'actualit�? Le premier ministre canadien Stephen Harper n'a jamais, en tout cas, utilis� l'expression pour parler des relations avec la Chine. Les autorit�s chinoises n'en parlent plus, de leur c�t�. 
 
On assiste cependant depuis quelque temps � un important changement de ton de la part d'Ottawa dans ce dossier des relations Canada-Chine. Les premiers signes sont apparus au mois de mars lors de l'�lection pr�sidentielle � Taiwan. Les �lecteurs �taient aussi invit�s � participer � deux r�f�rendums sur une question tr�s d�licate, c'est � dite une candidature de Ta�wan aux Nations unies. A Ottawa, on avait vu le potentiel incendiaire de ce referendum. C'est pourquoi, quelques jours auparavant, le Canada avait envoy� un premier signal clair � P�kin � ce sujet en disant s'opposer au r�f�rendum en invoquant le fait qu'il ne contribuerait aucunement, "� la paix et la s�curit� dans la r�gion". Au lendemain de l'�lection taiwanaise, le Canada a f�licit� le vainqueur, Ma Ying-jeou en rappelant surtout "l'engagement majeur" de ce dernier soit "l'am�lioration des relations avec la Chine." C'est une intervention qui a �t� remarqu�e � P�kin. Dans les jours suivants, la Chine, saluait les propos du Canada. 
 
Depuis, il y a eu une rencontre entre Stephen Harper et le pr�sident chinois Hu Jintao en marge du sommet du G8 au Japon, en juillet. Il est int�ressant de noter que dans son compte rendu de la rencontre Hu-Harper, l'agence officielle chinoise Hsinhua a fait �tat de la volont� des deux pays d'exploiter "au maximum leur potentiel de coop�ration et utiliser leur compl�mentarit� dans le commerce, l'�conomie et les affaires". La Chine se classe maintenant au troisi�me rang des plus importants march�s d'exportation du Canada. Les exportations canadiennes en Chine ont progress� de 27 pour cent en 2007.  
 
Il faut surtout retenir qu'au cours de sa rencontre avec Stephen Harper, le pr�sident chinois a tenu � souligner que les relations sino- canadiennes avaient connu "une bonne �volution depuis l'�tablissement de liens diplomatiques entre les deux pays en 1970." Il reconnaissait �galement que des diff�rences entre le niveau de d�veloppement �conomique, le syst�me social et la culture des deux pays existent et rendent "in�vitables" des tensions sur certains sujets. Bref, il y a eu des d�saccords, mais on regarde vers l'avant. Le texte de l'agence officielle chinoise qui relate l'entretien prend soin de noter que le premier ministre Harper dit connaitre "la valeur des relations sino-canadiennes" et est pr�t pour un dialogue ouvert avec la Chine. La semaine derni�re, le chef de la diplomatie canadienne est rest� dans le ton en d�clarant que "les relations avec la Chine sont entr�es dans une p�riode de renouveau." David Emerson a rappel� que l'insistance du Canada aupr�s de la Chine pour qu'elle am�liore la situation des droits de l'homme sur son territoire a mis � l'�preuve les relations bilat�rales mais que les choses sont en train de changer.  
 
Il est int�ressant de noter qu'au m�me moment, l'opposition lib�rale pr�sentait un rapport tr�s critique sur les droits de l'homme en Chine. Le d�put� lib�ral Irwin Cotler a rendu public le document dans lequel il �num�re une s�rie de violations dont, dit-il, le gouvernement chinois est coupable, notamment la r�pression exerc�e contre les Tib�tains, les atteintes � la libert� de presse et � la libert� de religion. On se trouve � assister, � toutes fins pratiques, � une inversion des positions du parti lib�ral et et gouvernement conservateur dans ce dossier. L'ancien premier ministre lib�ral Jean Chr�tien ne s'est pas priv�, ces derniers temps, de faire appel au r�alisme dans la question des relations du Canada avec la Chine en rappelant que la d�mocratie ne s'installera pas rapidement en Chine, qu'il s'agit d'un pays de 1 milliard 300 millions d'habitants, "qui ne se g�re pas de la m�me fa�on" que le Canada et qu'il faut "�tre raisonnable." dans ses attentes. Et au moment o� le gouvernement conservateur, par la voix de son ministre des Affaires Etrang�res, tente justement d'amener un peu de ce r�alisme par rapport � des positions plus id�ologiques, c'est le parti lib�ral qui devient tr�s critique face aux autorit�s chinoises. Tout cela illustre le dilemme auquel doivent faire face les pays occidentax dans leurs relations avec la Chine. Comment faire la promotion des droits de la personne tout en maintenant des bonnes relations avec P�kin? Dans le pass�, le Canada, sous administration lib�rale, a tent� de mettre en place une politique dite d'"engagement constructif". Les r�sultats ont �t� d�cevants. L'actuel gouvernement conservateur a adopt� une ligne plus dure � l'�gard de P�kin. Il y a eu d�gradation des liens et on tente maintenant � Ottawa de recoller les vases. Pour une v�ritable relance des relations, il faudra maintenant surveiller un �ventuel signal positif important du Canada comme, par exemple, l'annonce d'une visite officielle en Chine du premier ministre Harper. 
 
Jean B�riault  
Chroniqueur de politique �trang�re  
[email protected]  
11 ao�t 2008  
 
 
 



Cet espace se veut d'abord un lieu d'échange et d'interaction avec les auditeurs de RCI sur les questions reliées à la politique étrangère du Canada. Toutes sortes de questions peuvent être abordées : par exemple, l'état des relations avec tel ou tel pays, les litiges commerciaux, ou les positions défendues par Ottawa aux Nations Unies dans un dossier spécifique. Le rôle du Canada au sein de l'OTAN, du Conseil de l'Arctique, du G8 ou dans la communauté des pays du pourtour du Pacifique, voilà autant de sujets qui peuvent susciter des interrogations. Bref, tout ce que vous voulez connaître sur les relations internationales du Canada.

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 JEAN BÉRIAULT

Etudes:
• Doctorat en Histoire (Relations Internationales) de l'Université de Paris-Sorbonne obtenu en 1976 suite à la soutenance d'une thèse sur la politique étrangère chinoise.
•Baccalauréat spécialisé en Science politique. (Relations internationales) UQAM. 1972.
• Baccalauréat ès Arts obtenu au Collège Jean-de-Brébeuf en 1970.

Vie professionnelle:
A Radio Canada International, chroniqueur spécialisé en politique étrangère canadienne et affaires internationales depuis 1997 et chef-de-pupitre depuis plus de 20 ans. Effectue des reportages à l'étranger, aux Etats-Unis, en Europe, au Proche-Orient et en Asie, pour assurer notamment la couverture des négociations commerciales multilatérales sous l'égide du GATT ainsi que celle des sommets de l'OTAN de 1999 et de 2002. Collabore à diverses publications dont le magazine " Le 30 " pour une chronique mensuelle sur la liberté de la presse dans le monde de 1993 à 2003. (www.fpjq.org).

 




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