POLEMIQUE AUTOUR DE L'ACCORD DE LIBRE-ECHANGE CANADA-COLOMBIE
1er d�cembre 2008- Un accord de libre-�change entre le Canada et la Colombie a �t� sign� il y a une dizaine de jours par le ministre canadien du Commerce international, Stockwell Day. Le gouvernement canadien a donc d�cid� d'aller de l'avant avec l'accord, finalis� en juin, malgr� le fait que des voix se sont �lev�es au pays pour d�noncer le projet. La question des droits de la personne en Colombie est au centre de la pol�mique. L'organisme canadien de coop�ration internationale D�veloppement et Paix a ainsi entrepris une campagne de lettres aux d�put�s f�d�raux �lus le 14 octobre dernier � la Chambre des Communes, pour leur demander de ne pas ratifier l'accord de libre-�change. Le regroupement KAIROS, "Initiatives canadiennes oecum�niques pour la justice s'oppose �galement � l'accord en faisant valoir que la Colombie est un pays aux prises avec de s�rieuses violations des droits de la personne. Les organisations de d�fense des droits de la personne d�noncent r�guli�rement la Colombie pur son bilan en mati�re de d�fense des droits des travailleurs. La Conf�d�ration syndicale internationale est d'ailleurs intervenue r�cemment pour d�noncer les gouvernement colombien.. Selon la CSI, en 2007 � travers le monde, 91 syndicalistes ont �t� assassin�s pour avoir d�fendu les droits des travailleurs et la Colombie est le pays o� le plus de crimes ont �t� commis, avec la mort de 39 personnes. En Colombie m�me, la Centrale unitaire de travailleurs, la premi�re conf�d�ration colombienne, a affirme que 474 syndicalistes ont �t� assassin�s depuis six ans. Amnesty International a publi� en juillet 2007 un rapport tr�s complet sur l'�tat du syndicalisme en Ontario. On y retrouve les conclusions d'une mission de l'Organisation Internationale du travail qui r�pertori� les politiques et pratiques en vigueur en Colombie qui sont derri�re "le climat de violence dont le mouvement syndical est l'objet". On y mentionne "la restructuration d'entreprises pour �liminer la repr�sentation syndicale, le recours aux coop�ratives pour dissimuler les relations de travail et �viter la syndicalisation, le recours � la sous-traitance et la signature de contrats commerciaux et civils pour emp�cher l'organisation des lieux de travail". Au Canada, la plus importante centrale syndicale canadienne, le Congres du Travail du Canada, le CTC, s'est prononc� contre. Selon le CTC, des sp�cialistes juridiques canadiens et colombiens ont conclu que les accords commerciaux pr�f�rentiels avec la Colombie tels que celui qui a �t� n�goci� ne peuvent pas sauver des vies et assurer la protection des droits des travailleurs. Ils auraient plut�t pour effet de se combiner � d'autres �l�ments des accords de libre-�change et diminueraient m�me les droits syndicaux et les normes d'emploi. Bref, selon le CTC, m�me une entente particuli�res sur le travail "n'emp�cherait pas une seule menace de mort d'�tre faite" et cela n'aidera pas � am�liorer le respect des droits de la personne en Colombie. Des syndicats repr�sentant des employ�s de la fonction publique se sont �galement prononc� contre. Le 14 novembre dernier avait lieu � Montr�al un colloque public intitul� "Accord de libre-�change Canada-Colombie : R�sistance des mouvements sociaux" On a notamment pu y entendre des repr�sentants de la F�d�ration nationale syndicale unitaire agraire de Colombie (FENSUAGRO) et du R�seau colombien d'action contre le libre-�change (RECALCA). Aux Etats Unis, le pr�sident �lu Barack Obama s'est dit oppos� � plusieurs reprises au trait� de libre �change avec la Colombie sign� par George W. Bush fin 2006 mais jamais ratifi� par le Congr�s. Les d�mocrates y sont oppos�s, en particulier en raison des violations des droits des syndicalistes. Pablo Heidrich, chercheur senior � l'Institut Nord-Sud � Ottawa, fait pour sa part un lien entre le sort de cet accord Etats-Unis -Colombie toujours en attente et l'accord Canada-Colombie qui vient d'�tre sign�. Selon lui, la Colombie a consenti de "g�n�reuses conditions pr�f�rentielles" au Canada en vertu de l'entente pour faire en sorte que les concurrents am�ricains supplant�s exercent des pressions sur le Congr�s pour qu'il r�examine sa d�cision n�gative sur la signature d'une entente de libre-�change avec la Colombie. Par ailleurs, selon ce chercheur � l'Institut Nord-Sud, � cause de la r�putation du Canada comme nation sensible aux droits de la personne, la plupart des �lus d�mocrates am�ricains trouveraient "difficile de continuer � s'opposer � un accord avec la Colombie". C'est une hypoth�se qui peut sembler plausible dans le contexte des derni�res ann�es. Il ne faut cependant pas oublier que d�s 2002, bien avant la n�gociation entre les Etats-Unis et la Colombie, des discussions pr�liminaires avaient eu lieu entre Ottawa et Bogota. Les n�gociations v�ritables ont cependant �t� lanc�es en 2007 apr�s une visite en Colombie du premier ministre canadien. Devant l'opposition � l'accord, le premier ministre Harper r�pond qu'en �largissant la relation commerciale avec la Colombie, le gouvernement canadien offre de nouvelles occasions aux entreprises canadiennes sur un march� �tranger et aide une des plus anciennes d�mocraties d'Am�rique du Sud "� renforcer les droits de la personne et la s�curit� dans le pays". Parall�lement � l'accord de libre-�change, le Canada a sign� des de coop�ration dans le domaine de l'environnement et du travail avec la Colombie. En ce qui concerne l'accord sur le travail, � Ottawa on soutient que ce dernier "renferme des dispositions vigoureuses et ex�cutoires pour la promotion des droits des travailleurs." En vertu de cet accord, les deux pays s'engagent � respecter les normes fondamentales du travail �nonc�es par l'Organisation internationale du travail, y compris "le respect de la libert� d'association et le droit � la n�gociation collective." Le gouvernement canadien a des appuis au Canada pour son projet. La Fondation canadienne pour les Am�riques qui rassemble des experts s,est prononc�e en faveur de l'accord. Selon la FOCAL, les accords de libre-�change ne sont pas une panac�e pour les probl�mes �conomiques, sociaux ou politiques d'aucun pays. " Ils font partie de la construction d'une relation plus forte et d'une �conomie plus stable qui peuvent g�n�rer de l'emploi et des occasions pour Colombiens et Canadiens. La Fondation fait valoir qu'il faut regarder le progr�s que le gouvernement colombien a fait depuis les six derni�res ann�es et comment le commerce peut contribuer � stabiliser ces gains. La Chambre de Commerce du Canada s'est �galement prononc�e en faveur de m�me que la Banque de Nouvelle-Ecosse et des compagnies comme Bombardier et General Motors du Canada. L'entente a maintenant �t� sign�e mais ce n'est pas la fin du processus. Le texte de l'accord devra maintenant �tre d�battu au Parlement pendant 21 jours avant d'�tre adopt� comme loi. D'ici l�, on peut s'attendre � voir l'opposition � l'accord se manifester. A l'occasion du colloque "Accord de libre-�change Canada-Colombie : R�sistance des mouvements sociaux" , la coalition d'ONG canadiennes et colombiennes s'est engag�e � poursuivre son combat pendant que l'accord fera l'objet d'un examen au Parlement. Jusqu'� pr�sent tous les partis politiques canadiens, sauf le Parti Conservateur qui dirige un gouvernement minoritaire se sont prononc�s contre l'accord. Jean B�riault Chroniqueur de politique �trang�re [email protected] 1er d�cembre 2008
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JEAN BÉRIAULT
Etudes:
• Doctorat en Histoire (Relations Internationales) de l'Université de
Paris-Sorbonne
obtenu en 1976 suite à la soutenance d'une thèse sur la politique étrangère
chinoise. •Baccalauréat spécialisé en Science politique.
(Relations internationales) UQAM. 1972.
• Baccalauréat ès Arts obtenu au Collège Jean-de-Brébeuf
en 1970.
Vie professionnelle:
A Radio Canada International, chroniqueur spécialisé en politique étrangère
canadienne et affaires internationales depuis 1997 et chef-de-pupitre depuis
plus de 20 ans. Effectue des reportages à l'étranger, aux Etats-Unis,
en Europe, au Proche-Orient et en Asie, pour assurer notamment la couverture
des négociations commerciales multilatérales sous l'égide
du GATT ainsi que celle des sommets de l'OTAN de 1999 et de 2002. Collabore à diverses
publications dont le magazine " Le 30 " pour une chronique mensuelle
sur la liberté de la presse dans le monde de 1993 à 2003. (www.fpjq.org). |
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