LA RELIGION, UNE ACTIVIT� PARASCOLAIRE

Pendant des si�cles, les femmes ont port� des coiffes religieuses dans les salles de classe du Qu�bec. Jusqu'� r�cemment, ces signes religieux �taient l'apanage des religieuses catholiques. De nos jours, il est plus probable de croiser une �tudiante ou une enseignante musulmane coiff�e d'un voile religieux. De nombreux Qu�b�cois sont d'ailleurs contrari�s par l'id�e qu'on veuille faire �talage de ses convictions religieuses. Au cours de la derni�re ann�e, les �coles qu�b�coises ont �t� examin�es � la loupe pour trouver des cas d'accommodements raisonnables. Parmi ceux-ci, mentionnons le jugement de la Cour supr�me permettant � un jeune �l�ve Sikh de porter son kirpan � l'�cole, la question des types d'accommodements religieux devrant �tre faits dans les caf�t�rias et la question du port de v�tements religieux en classe, plus particuli�rement le hijab. 
 
Dans ce contexte, la Charte de la la�cit� pr�sent�e par la Conf�d�ration des syndicats nationaux (la � CSN �) pourrait avoir une incidence consid�rable sur le fonctionnement des �coles du Qu�bec. Les id�es contenues dans cette charte ont �t� appuy�es par plusieurs autres organisations syndicales, notamment la F�d�ration des travailleurs et travailleuses du Qu�bec, la Centrale des syndicats du Qu�bec et le Syndicat canadien de la fonction publique (division du Qu�bec), lesquelles, jumel�es � la CSN, repr�sentent pr�s d'un million de travailleurs qu�b�cois. Lors de la derni�re semaine des audiences publiques de la Commission Bouchard-Taylor, Claudette Carbonneau, pr�sidente de la CSN, a mis l'accent sur l'importance de la la�cit� dans l'enseignement. 
 
�Moi, je maintiens qu'on est mieux servi pour prot�ger la diversit� avec une �cole qui est v�ritablement la�que. Et �a pose toute la question, quelle exigence � avoir par rapport aux repr�sentants de l'�tat? Les commissaires ont pos� cette question-l� � plein d'intervenants � il y a que le mouvement syndical qui s'est mouill� l�-dessus. Mais il va falloir pouvoir y r�pondre � ces questions-l�, et moi je tiens vraiment � des services publics qui soient offerts � toute la population, qu'elle ait confiance en eux, qu'elle se sente � l'aise � leur �gard. Et quand on �tait dans le contexte de la confessionnalisation [des syst�mes scolaires], je vous dirais que ce n'�tait pas un plus pour, y compris l'emploi de personnes d'autres confessions religieuses, c'�tait pas un plus non plus pour les Qu�b�cois dits �de souche��. 
 
� Claudette Carbonneau, pr�sidente de la Conf�d�ration des syndicats nationaux, en entrevue � la T�l�vision de Radio-Canada
 
 
Ce n'est certainement pas la premi�re fois que le Qu�bec s'interroge sur le r�le de la religion � l'�cole. En 1997, le gouvernement a form� un Groupe de travail sur la place de la religion � l'�cole, qui a donn� lieu � une r�organisation majeure du syst�me scolaire qu�b�cois. Deux ans plus tard, les commissions scolaires ont cess� d'�tre s�par�es en fonction de structures confessionnelles, comme elles l'�taient depuis plus d'un si�cle, et ont plut�t �t� �tablies sur la base de la langue. Une modification apport�e � la Constitution canadienne (1997) a �limin� les commissions scolaires catholiques et protestantes qu�b�coises au profit de commissions scolaires francophones et anglophones. � compter de l'automne prochain, un programme d'�thique et de culture religieuse remplacera l'enseignement moral et religieux au Qu�bec, ce qui marquera la derni�re �tape du processus.  
 
Ce changement rappelle la transition vers les syst�mes scolaires la�cs au Canada, qui s'est op�r�e d�s 1867 en Colombie-Britannique et 1896 au Manitoba. Au Canada, l'introduction d'un syst�me scolaire officiel a eu lieu au d�but des ann�es 1800 et, au milieu du si�cle, les gouvernements ont commenc� � mettre sur pied des �coles publiques offrant une instruction religieuse. Au Qu�bec, cette situation s'est traduite par l'�tablissement d'un syst�me scolaire catholique et d'un r�seau protestant distinct destin� � la minorit� anglophone. Avec le temps, les commissions protestantes du Canada se sont la�cis�es et les �coles confessionnelles restantes ont �t� trait�es diff�remment selon la province. Il importe de noter que la Charte canadienne des droits et libert�s, adopt�e en 1982, a souvent servi � d�fendre l'enseignement confessionnel, puisque la libert� de religion y est d�finie comme fondamentale. � l'heure actuelle, les provinces de l'Atlantique n'accordent aucun financement aux �coles religieuses, alors que dans le reste du Canada, ces �coles re�oivent un financement partiel ou complet. La question de l'octroi de subventions aux �coles confessionnelles demeure un sujet sensible au Qu�bec, comme l'a clairement d�montr� en 2005 la forte opposition publique au financement des �coles priv�es juives. 
 
Il existe toutefois une diff�rence notable entre le fait de financer des �coles religieuses et celui de refuser quelque signe religieux que ce soit au sein du r�seau scolaire public. Malgr� la multitude de sondages qui ont �t� r�alis�s sur le sujet, un nombre relativement peu �lev� de demandes r�elles d'accommodement a �t� enregistr� dans les �coles du Qu�bec. Et contrairement � ce qui peut figurer dans les journaux, la plupart des demandes d'accommodements pour des motifs religieux ont �t� formul�es par des chr�tiens, comme en faisait �tat un rapport publi� par le Comit� consultatif sur l'int�gration et l'accommodement en milieu scolaire. La Commission scolaire de Montr�al, qui compte de loin la population �tudiante la plus diversifi�e du Qu�bec, repr�sentant 193 pays et 151 langues, a r�alis� son propre sondage � grande �chelle sur la diversit� religieuse au sein de ses �coles. Elle a d�couvert qu'au cours de l'ann�e scolaire 2006-2007, seule une proportion de 0,3 % de ses �l�ves avait fait une demande d'accommodement religieux (894 demandes pour une population �tudiante totale de 106 000 �l�ves). De ce nombre de demandes, 77 % ont �t� accept�es, dont 46 % sans que des n�gociations ne soient n�cessaires. Parmi les demandes qui ont �t� refus�es, une proportion de 8 % seulement l'a �t� sans pourparlers. En fait, les demandes d'accommodement les plus fr�quentes n'avaient rien � voir avec le hijab, le kirpan ou la nourriture casher; la demande la plus courante concernait l'exemption des c�l�brations li�es � l'Halloween � 142 demandes accept�es et 10 demandes rejet�es. 
 
La relation du Qu�bec anglais avec l'immigration remonte � plus loin que celle du Qu�bec fran�ais. Depuis 1977, toutefois, les nouveaux immigrants au Qu�bec ont �t� contraints par la loi � envoyer leurs enfants dans des �coles francophones, ce qui a eu une incidence consid�rable sur la diversit� dans le syst�me anglophone.  
 
�Avant l'adoption de la Charte de la langue fran�aise, en 1977, un pourcentage disproportionn� de nouveaux immigrants au Qu�bec inscrivaient leurs enfants dans des �coles anglaises. Depuis, l'acc�s aux �coles anglaises est essentiellement restreint aux enfants dont les parents ont fait leurs �tudes en anglais au Canada. Ainsi, la diversit� de la population �tudiante anglophone a recul� dans les ann�es qui ont suivi.� 
 
Extrait de la pr�sentation de l'Association des commissions scolaires anglophones du Qu�bec � la Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reli�es aux diff�rences culturelles
 
 
Au milieu de toutes ces discussions sur le r�le que devrait occuper la religion dans les institutions publiques, les Qu�b�cois continueront de s'interroger sur le genre de la�cit� qu'ils souhaitent de m�me que sur sa raison d'�tre. L'objectif consiste-t-il � cr�er un espace exempt de religion? Est-il de mettre en place un environnement dans lequel les gens sont � l'aise d'exprimer leurs croyances religieuses? Les questions sont nombreuses et le d�bat se poursuivra sans aucun doute au cours des ann�es � venir.



[Envoyez nous vos commentaires sur cet article...]

[Consultez tous les articles semblables »]
Claudette Carbonneau, pr�sidente de la CSN
[�coutez  ]

Reportage de Ita Kendall sur la la�cit� au travail (en anglais)
[�coutez  ]

M�moire de la CSN

M�moire de la CSDM

M�moire de la QESBA (en anglais)

Comit� consultatif sur l'int�gration et l'accommodement raisonnable en milieu scolaire

Le cas du kirpan au Qu�bec (en anglais)

 

 

Bethany Or est une canadienne multilingue d’origine chinoise, vivant à Montréal, et elle s'intéresse au futur de la diversité culturelle au pays. Spécialiste en immigration pour Radio Canada International, elle offre un contexte historique sur les questions d'accommodements raisonnables et anime les échanges sur le site web.





Accueil - Nouvelles - �missions - Baladodiffusion - Horaires et fr�quences
Rapport de r�ception - Radio partenaires - Communiqu�s - Qui sommes-nous?
Contactez-nous - Cyberjournal
 
Droits de reproduction et de diffusion r�serv�s
Radio Canada International